Cameroun : la conception du Sigipes II confiée au Tunisien Simac pour 4,2 milliards de FCFA, après une perte de 7,6 milliards

Le Système informatique de gestion des personnels de l’État de 2e génération (Sigipes II) du Cameroun sera finalement conçu par l’entreprise tunisienne Simac (Société de l’informatique de management et de communication). Ainsi en a décidé la commission interne de passation des marchés du ministère de la Fonction publique, dont le résultat des travaux après dépouillement et analyse des offres des entreprises préqualifiées a été présenté ce 17 mai 2021 dans la capitale camerounaise.

L’entreprise tunisienne susmentionnée a un délai de 24 mois pour concevoir la nouvelle version de Sigipes 2, pour un montant global de 4,2 milliards de FCFA, apprend-on de bonnes sources. Mais, l’attribution de ce nouveau contrat ne devrait pas éclipser le scandale qui entoure ce projet gouvernemental, dont l’aboutissement était initialement prévu en 2016. Michel Ange Angouing, alors ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative à l’époque, en avait fait la promesse ferme en 2014. Avant de confesser, au cours du conseil de cabinet du 30 mars 2017, l’incapacité du consortium Cameroun Audit Conseil-CBL Consulting, l’adjudicataire du contrat, à respecter ses engagements contractuels.

Fort de ce constat d’échec, Philémon Yang, le Premier ministre de l’époque, va commander un audit le 30 mars 2017, relativement à ce nouveau système informatisé qui a, dans un premier temps, englouti 7,6 milliards FCFA octroyés par l’Union européenne (UE). « S’agissant du Sigipes II, un travail a été fait et les conclusions ont été transmises à qui de droit, et nous attendons les nouvelles orientations de la hiérarchie à cet effet », avait indiqué l’actuel ministre de la Fonction publique, Joseph Lé, au cours d’un Comité interministériel d’examen des programmes (Ciep), le 17 août 2018 à Yaoundé.

Une perte de près de 8 milliards de FCFA

Ce membre du gouvernement reviendra à la charge, le 28 juillet 2020, au cours de la première session du Comité chargé de l’assistance du prestataire, du suivi et du contrôle de la mise en œuvre du Sigipes 2. « Il est clairement apparu que les bases sur lesquelles reposait la première phase de ce projet d’envergure étaient particulièrement fragiles. Le choix du prestataire s’est avéré peu judicieux, puisque le consortium retenu s’est disloqué avant le début de la phase opérationnelle, et l’expertise dans le domaine requis de la partie restante était sujette à caution. Sa défaillance n’aura donc pas été une surprise », avait révélé le ministre Joseph Lé, avant d’ajouter : « le mauvais départ du Sigipes 2 était aussi dû aux manquements du cahier des charges (…) qui a cruellement souffert du déficit d’expertise et de vision de ses rédacteurs ».

Depuis cet échec, qui a tout de même fait perdre près de 8 milliards de FCFA à l’État, le gouvernement, à travers le ministère de la Fonction publique, s’est attelé à sélectionner un nouveau prestataire. Sans que rien ne filtre sur la suite réservée au contrat foireux passé avec le consortium Cameroun Audit Conseil-CBL Consulting.  

Pour rappel, selon les autorités gouvernementales, Sigipes II permettra de mettre un terme aux différentes fraudes perpétrées sur le fichier solde de l’État, et qui font perdre au Trésor public plusieurs milliards de FCFA chaque année. Concrètement, le nouveau système consiste en une fusion du fichier solde de l’État, géré par le ministère des Finances, et du fichier des agents publics, géré par le ministère de la Fonction publique. Son déploiement, apprend-on, va accroître la transparence dans la rémunération des personnels de l’État.

Le système actuel, en plus d’avoir révélé des dysfonctionnements rendant insuffisante la maîtrise du phénomène d’affectation des agents publics, leur mobilité entre les différents ministères, les abandons de postes et autres décès des personnels de l’État, « pose (…) le problème de base de données permettant une bonne analyse des informations historiques sur le personnel et la solde, ce qui rend difficiles les études rétrospectives permettant de mieux formuler les politiques salariales », souligne le document conçu par le ministère des Finances, en prélude au débat d’orientation budgétaire (DOB) 2021.

Source : investiraucameroun.com