Les enjeux de la traçabilité dans le secteur du bois au Cameroun : de la forêt vers le marché local ou international

Sommaire

  • Définition
  • Les principales activités de la filière
  • La chaine de production
  • Les insuffisances du secteur
  • La traçabilité au plan opérationnel
  • Pallitracks

 

La filière bois désigne l’ensemble des phases du processus de production qui vont de la collecte de la matière première au produit fini ou semi-fini vendu sur le marché national ou international. Elle regroupe tous les principaux acteurs qui interviennent pour cultiver, couper, transporter, transformer, commercialiser et recycler le bois jusqu’à ce qu’il parvienne à l'usager final ou à sa fin de vie.

Les principales activités de la filière

Selon le pays ou le contexte, la filière bois peut être subdivisée en sous-filières ou segments d’activité. Au Cameroun, les principales activités sont :

  • §  Production et récolte de bois (sylviculture et exploitation forestière),
  • §  Bois de première transformation (sciages, contreplaqué, aggloméré, etc.),
  • §  Sciage et travail du bois,
  • §  Bois de seconde transformation (industrie du papier et du carton, fabrication de meubles, construction en bois et objets divers),
  • §  Exportation et commercialisation

D’après le rapport thématique de l’Institut National de la Statistique (INS) sur « l’étude de la filière bois au Cameroun » (EAE-2019), la filière bois est un levier de croissance économique pour le Cameroun qui dispose de 22 millions d’hectares de forêt.

Elle représente près de 5,4% du PIB et constitue la deuxième source de devises au Cameroun avec 15% de recettes d’exportation depuis quelques années. Ce rapport souligne un faible niveau de transformation du bois, l’activité s’arrêtant généralement au sciage et à l’exportation du bois.

Pour ce qui est du commerce extérieur, le taux d’exportation de la filière bois a connu une évolution contrastée entre 2011 et 2018. On enregistre une hausse imputable aux produits sylvicoles, aux grumes qui passent de 34,2 milliards de FCFA en 2016 à 138,9 milliards de FCFA en 2017 pour atteindre 156,3 milliards de FCFA en 2018.

La chaine de production

A l’instar des autres Etats de la sous-région d’Afrique centrale, l’Etat du Cameroun a concédé des droits d’usage aux populations locales et autochtones sur les espaces forestiers qu’elles détiennent. Cependant, l’Etat qui détient le monopole sur ces espaces délivre un droit d’accès aux exploitants forestiers, ONG et membres de la société civile entre autres. La politique forestière mise en place structure l’utilisation des ressources forestières en vue de la protection de la biodiversité à travers :

  • Les mesures d’abattage des arbres (essences protégées, techniques d’abattage appropriées pour minimiser les dégâts d’abattage, etc.),
  • La définition d’aires protégées telles que les bassins versant, les sites d’intérêt particuliers (d’ordre biologique ou culturel) et les zones à écologie fragile comme les marécages,
  • Le reboisement.

Lorsque les arbres sont abattus, ils sont acheminés vers le parc de rupture pour exploitation par l’équipe technique des entreprises. On parle alors de grumes pour désigner les troncs d'arbre abattus, écimés et débarrassés du houppier ainsi que des branches. Dans près de 70% des cas, les grumes sont transportées vers les unités de transformation de bois (UTB) tandis qu’une partie soit 30% est immédiatement conditionnée pour être exportée.

A l’unité, se déclenche le processus de transformation du bois selon les objectifs visés par chaque entreprise forestière détentrice du permis d’exploitation. Ils peuvent subir une première voire une deuxième transformation avant d’être exportés vers l’extérieur du pays ou de servir au marché local pour la fabrication de matériaux divers.

Au final, trois catégories d’acteurs peuvent être relevés : les exploitants forestiers, les transformateurs et les exportateurs, négociants ou courtiers.

tableau recapitulatif

Les insuffisances du secteur

Malgré une demande croissante dans la filière bois, plusieurs faiblesses ont été relevées au plan structurel :

  • · Une forte propension à l’illégalité qui s’explique en partie par les lourdes procédures dans le processus de délivrance des permis,
  • ·  L’absence de structures de formation de qualité visant d’améliorer la qualité et les finitions des produits artisanaux à base de bois,
  • ·   L’inorganisation des acteurs de la filière bois répartis entre le GFBC (Groupement de la Filière Bois du Cameroun) et les autres syndicats ou associations professionnelles du Cameroun.
  • ·  La mauvaise structuration du marché intérieur du bois avec pour conséquence la non-maîtrise des canaux d’approvisionnement des industries locales de transformation du bois.
  • ·    Le cadre réglementaire de la gestion de la forêt et du bois au Cameroun qui est essentiellement concentré sur les activités industrielles au détriment des petites exploitations ce qui encourage l’illégalité de ces derniers et cause la surexploitation des ressources ligneuses par les exploitants informels

Par ailleurs, plusieurs autres problèmes sont à déplorer au niveau de la gestion durable des forêts et de la transformation du bois dont le non-respect des normes, les problèmes de certification, le coût élevé de la redevance forestière.

Pour pallier les problèmes relevés, les entreprises optent de plus en plus pour la mise en place d’un système de traçabilité. Mais qu’est ce donc que la traçabilité et surtout que peut-elle apporter aux entreprises forestières en particulier ?

La traçabilité au plan opérationnel

Selon la norme ISO 8402, la traçabilité est “l’aptitude à retrouver l’historique, l’utilisation ou la localisation d’une entité au moyen d’identifications enregistrées”. Elle implique deux aspects majeurs, à savoir, l’identification du produit par un marquage et l’enregistrement de données liées à ce produit sur un support ayant lui-même une traçabilité. On distingue la traçabilité ascendante qui permet de retrouver l'origine du produit à tous les stades de la filière, et la traçabilité descendante qui permet de connaître la destination du produit.

Quel est l’intérêt d’adopter un système de traçabilité ?

Le système de traçabilité permet de suivre les activités de bout en bout, de maitriser les risques et d’apprécier le déploiement du staff forestier de l’entreprise.

- Sur le plan économique : il permet à l’entreprise de maitriser les flux d’entrée et sortie, les activités, de mieux gérer les stocks et le rendement de l’équipe technique.

- Sur le plan politique : adopter un système de traçabilité témoigne de la volonté d’être transparent vis-à-vis de l’État et/ou de la communauté riveraine du site d’exploitation forestière

- Sur le plan commercial : l’outil de traçabilité permet d’attester que les grumes exploitées proviennent de forêts gérées de manière durable par rapport aux politiques forestières en cours dans la zone concernée.

La mise en place d’un système de traçabilité nécessite de maitriser toutes les informations liées à la chaine de production, de cerner les besoins réels des entreprises afin de produire une application efficiente pour ces dernières. Compte tenu de ces enjeux, la solution Pallitracks a été mise sur pied pour assurer la traçabilité du bois.

 

Sources

  • ·         L’étude de la filière bois au Cameroun (EAE-2019), INS, Oct 2021
  • ·         La gestion inclusive des forêts d’Afrique centrale, passer de la participation au partage des pouvoirs, FAO & CIFOR, 2016
  • ·         La traçabilité n’est pas qu’un enjeu opérationnel, Jean-Luc VIRUEGA, Techniques de l’ingénieur, 2014